Cinq jeunes amis, issus des classes (très) modestes, sont invités contre toute attente à une soirée très privée réunissant tout le gratin de Taiwan. Exaltés par le fantasme de la richesse, ils sont loin d'imaginer qu'ils vont être au centre de l'attraction spéciale de la soirée : des séances de tortures destinées à régaler le voyeurisme de nos riches convives que leur fortune place au dessus de tout.
On vous avait déjà parlé de INVITATION ONLY lors de notre dossier sur le Marché du Film de Cannes en 2008. Produit par 3 Dots Entertainement, cette production se targue d'être le premier slasher made in Taiwan. L'année dernière, nous n'avions pu visionner qu'une bande-annonce puisque le film n'était pas encore achevé. Cet avant goût promettait un spectacle des plus trash fortement influencé par la vague des «tortures flicks» comme HOSTEL ou encore la série des SAW. Cette année, nous avons pu recevoir nous aussi notre «invitation spéciale» pour assister au produit fini. Un produit qui ne fait pas dans la finesse, c'est le moins que l'on puisse dire, mais qui tient haut la main ses promesses de divertissement horrifique.
Réalisé par Kevin Ko, un jeune cinéaste surdoué de même pas 30 ans, INVITATION ONLY vise le marché international en voulant prouver que le cinéma Taiwanais n'est pas que la terre d'un cinéma d'auteur langoureux. Le film est tourné à la fois en langue locale mais aussi en mandarin et en anglais pour mieux séduire les différents marchés. Pas de noms connus au casting pour autant si l'on excepte Maria Ozawa, une eurasienne superstar de l'industrie pornographique japonaise et qui fait ici ses débuts dans le cinéma «classique» (que les fans se rassurent, elle nous fait quand même cadeau d'un peu de nudité gratuite). Parfaitement soigné techniquement (le film est tourné en HD) et très efficace dans sa narration (on ne s'ennuie pas), INVITATION ONLY a d'un premier abord des allures de bande démo taiwanaise voulant prouver au monde que : «Yes, we can !» («Oui, on peut !»).
Niveau gore, INVITATION ONLY a également l'idée de tenir la dragée haute à ses homologues américains, à tel point que le film sort bien vite du carcan du slasher pour dériver vers l'horreur hardcore. Le sang gicle à n'en plus finir et les séquences de torture vont loin (comme cette découpe d'une joue au scalpel que l'on va tartiner ensuite de sel de Guérande). De telles scènes auraient pu être insupportables à regarder, malsaines. Et pourtant, elles sont si outrancières qu'elles en deviennent fun ! On s'amuse à se tortiller sur son siège en se cachant à moitié de l'écran et à pousser des cris outranciers et rigolards. INVITATION ONLY peut donc être vu comme un anti-MARTYRS. Un spectacle décontracté dans le crado (comme lorsque le héros escalade un mur en écrasant de ses doigts des cafards), absolument pas choquant, totalement divertissant. Du gore convivial en somme et qui assume pleinement ses ambitions commerciales.
S'il constitue une bonne surprise, INVITATION ONLY est aussi un film un peu couillon sur les bords. Le toupet des scénaristes est parfois si extrême que l'on en vient à pouffer à de multiples reprises. Comme lorsque le héros, caché dans une pièce sombre alors que le meurtrier le cherche à deux mètres de là, allume son briquet pour se déplacer furtivement dans le noir ! Ou pire encore, quand l'héroïne décide de se faire passer pour une riche invité en bricolant une robe de soirée Christian Dior avec le rideau des chiottes, une pince à cheveux et un bout de verre brisé. Si McGyver avait été une femme, il n'aurait pas osé ! Pour autant, le film se permet un discours pas inintéressant quant à la lutte des classes et à la fascination de l'argent sur une jeune génération modeste. Une prise de position salutaire, surtout si on le compare à la «morale» plutôt beauf d'un HOSTEL.
Tout juste sorti dans les salles à Taiwan, il y'a fort à parier qu'avec un menu aussi amusant que corsé INVITATION ONLY saura faire l'évènement dans les mois à venir. Les Espagnols de Filmax ne s'y sont pas trompés puisqu'ils ont déjà acquis les droits internationaux de distribution. L'arrivée du film par chez nous ne devrait plus être, espérons le, qu'une question de temps…